La dégustation des vins d’Auvergne continue avec la dégustation du domaine « Les vins de la Madone » de Gilles BONNEFOY.
Ce domaine s’appelle « Les vins de la Madone » car le domaine de la Madone existait déjà dans le Beaujolais.
(+ Vidéo de Gilles BONNEFOY – Migmatite).
Le domaine » Les vins de la Madone »
Le domaine « Les vins de la Madone » se situe dans les Côtes du Forez, situées dans le département de la Loire, à Champdieu, au cœur du vignoble le plus en altitude du fleuve éponyme. Ce vignoble est également le plus oriental de tous ceux d’Auvergne.
Il est planté sur des sols très variés issus d’une faille géologique à l’origine de la formation du Forez. Cette faille se formera à l’ère tertiaire, au cours de la poussée des Alpes.
Le domaine est constitué à partir de vignes louées en 1997 et régulièrement agrandi depuis.
En 2001, Gilles BONNEFOY et son équipe plantent 4 hectares sur différents terroirs essentiellement autour du volcan de la Madone.
En 2004, un chai est construit sur un terroir de Dacite.
Cette roche rare, ne se retrouve nulle part ailleurs dans la région.
Il faut traverser toute l’Europe pour la retrouver en Transylvanie ou au sommet du St Helens dans l’état de Washington, juste à côté !
Gilles Bonnefoy et son équipe exploitent le potentiel de ces roches volcaniques (basaltes) et métamorphiques (Granites). Ici on joue sur les adéquations terroir-cépage pour optimiser la qualité d’expression des vins.
Les basaltes se trouvent autour des volcans. Ici les 2 variétés de granites propres à la région (Migmatite et Dacite). Ces deux roches baptisent deux cuvées éponymes de Gilles BONNEFOY.
Gilles Bonnefoy
C’est en 1997, que Gilles Bonnefoy décide de se jeter à l’eau en louant quelques parcelles de vieilles vignes et une cave dans son village natal et de donner naissance au domaine « Les vins de la Madone ».
Il est alors commercial en vins. Profitant d’une restructuration chez son employeur, qui lui permet de toucher une indemnité financière, il achète ses premières parcelles.
Déterminé et entouré d’une petite équipe aux talents complémentaires il va patiemment, de façon réfléchie créer son domaine comme nous venons de le voir.
Gilles BONNEFOY respecte et observe la nature, celle de son enfance bien sûr, mais également celle qui entoure et porte ses vignes.
Sa curiosité l’amène à investir dans des terroirs rares et peu exploités. Il est un de ces vignerons d’aujourd’hui qui se posent les bonnes questions pour aboutir à ces vins.
Ils sont tous dignes d’intérêt, surprenants et paradoxaux comme souvent sur les vins de volcans.
Les deux paradoxes de ces vins sont la gourmandise avec de la minéralité d’une part, la fraîcheur et la bonne teneur en alcool d’autre part.
Les sols de basalte, migmatite, dacite et autres roches volcaniques permettent une maturation lente des raisins donnant des baies bien mûres et gourmandes. Mais nous sommes sur des sols très minéraux, on retrouve donc les deux associés.
D’autre part les sols volcaniques ont un ph plus bas que la moyenne conférant fraîcheur au vin. Les pentes, souvent abruptes permettent, quant à elles des degrés souvent élevés, notamment sur les versants sud.
Les vins du domaine « Les vins de la Madone »
Nous avons eu droit à 2 blancs en IGP URF, 1 rosé et 6 rouges !
Les deux blancs du domaine » Les vins de la Madone »
Le premier « Sauvignons blanc et gris de la Madone« , provient d’un assemblage des deux Sauvignons plantés sur du basalte. La vigne, plantée au levant, permet au raisin de mûrir lentement et harmonieusement pellicule et pulpe. Ici la malo-lactique n’est pas faite et le vin est élevé en cuve inox pour en préserver toute la fraîcheur.
Une palette de fruits jaunes et de mangue ressort au nez et en bouche, avec une finale minérale et grasse. Une bouteille qui peut s’attendre quelques années++
Le second blanc , « Roussanne de la Madone » issu de la Roussanne pour partie en sélection massale, provient d’une vigne exposée plein sud sur un flanc très raide d’un des volcans répartis sur le vignoble.
On est sur un petit rendement de 20 hl/ha. Le vin, vinifié et élevé en fût, ne fait pas complètement sa malo non plus, avec en tête du vigneron d’en préserver toute la fraîcheur.
Le Rosé
« Gamays sur Volcan« , est une cuvée originale jouant sur deux terroirs volcanique et argilo-granitique. Sur des notes de petits fruits rouges, épicé et qui termine sur une note de réglisse. C’est un vin très aérien et élégant, j’ai noté ++
Les 2 rouges de garde du domaine « Les Vins de la Madone »
Premier rouge – « MADONE » – AOP Côtes du Forez – dénommée Gamay sur Volcan. Avec un rendement faible de 25 ( hl/ha), surprenant quand on vient des autres vignobles français comme ceux de Bordeaux ou de Vallée du Rhône.
Mais ce phénomène est commun à tous les vins de volcans explique John Szabo, journaliste et expert des vins de volcans, lors d’un colloque international organisé sur le sujet à… Vulcania (2020).
C’est une vin à la robe Rubis clair, avec un nez assorti de fruits rouges et noirs bien mûrs.
La bouche est élégante, avec ces fruits et noirs bien présents qui en font un vin gourmand et gouleyant, ici peu de tannins. C’est un vin d’apéro et d’entrée
Deuxième rouge – « MEMOIRE DE MADONE » : AOP côtes du Forez – Egalement composée de Gamay de vignes de plus de 50 ans.
Un élevage en amphores de 3,5 mois suit une vinification en cuve et une MLF (Malo-Lactique Faite) .
Ce vin a des tannins élégants, mûrs, une belle matière soyeuse se développe en bouche.
Il a une certaine longueur. Attendu 1 an de plus je lui mettrai ++
Les deux rouges issus de roches spécifiques du Domaine « Les Vins de la Madone «
Gilles BONNEFOY, trouve ces deux roches – Dacite et Migmatite – si intéressantes qu’il baptise deux cuvées par leur nom. Petit point les « Ite » !
La cuvée « DACITE » : La Dacite est un composé de granite et d’argile à forte teneur en calcium conférant légèreté et élégance au vin.
Le rendement reste conforme aux autres vins de volcans avec 30 hl/ha.
Cela convient bien au Gamay Saint Romain (30 %) l’enfant du pays et au Gamay noir à jus blanc (70 %).
Je suis touché par l’élégance de cette cuvée qui exhale des arômes de violette.
La bouche est aérienne et s’en dégage une impression de minéralité, de finesse.
D’ici quelques années cette Dacite devrait nous surprendre. Pour l’instant c’est un vin de copains. Mais je j’apprécierai, pendant le repas qui va suivre cette dégustation, sur des fromages locaux
La cuvée « MIGMATITE » :
« Faites bouillir la M…ite » a-t-on envie de dire, quel curieux nom « migmatite » !
C’est encore une roche volcanique …
Gilles BONNEFOY nous la présente dans une vidéo qui sera publiée prochainement. Le gamay y est encore à l’honneur.
En AOP Côtes du Forez, les rendements sont conformes aux autres vins, 25 hl/ha.
Une palette de fruits noir bien mûrs à l’aération, une bouche plus gourmande que le laisse deviner le nez, on est en présence d’une bouteille charmeuse idéale pour les repas sous la tonnelle ++
Les 2 IGP URFÉ
ROUGEOTS DU CLOS : Gamay de Bouze – Gamay de Chaudenay – Gamaret. Gilles BONNEFOY et son équipe se sont amusés à planter un hectare de « petits cousins » du Gamay classique avec un résultat surprenant. On parle souvent des Gamays teinturiers avec un peu de mépris, ici le résultat est surprenant. La couleur bien sûr, avec un rouge d’encre de pieuvre ! Suit un nez de petites baies sauvages. Le vin est servi frais ce qui ajoute à la dureté des tanins, mais c’est une cuvée originale et inclassable comme le dit Gilles BONNEFOY . La fin de dégustation ? l’effet de l’alcool ? j’ai mis +++ à cette bouteille, j’y reviendrai !
GAMAY’s MI-NOIR MI-BOUZE : Il s’agit d’un essai en vin non soufré, c’est une réussite. Une salade de fruits noirs, parfumée aux épices et très minéral, là encore j’ai noté +++
Ces vins du Forez m’ont beaucoup interpellé comme ceux des Côtes Roannaises j’y consacrerai un voyage et des séances de dégustation. Mais vous pouvez déjà vous familiariser avec des vins de volcans en participant au prochain cours.