De Tokyo à Los Angeles en passant par Londres et Paris, le Gamay noir à jus blanc a fait connaître le Beaujolais nouveau. Mais ce cépage, est il juste bon à faire ce vin de plaisir, ce vin de primeur consommé le 3ème jeudi de novembre ?
Certes non, les 10 Crus du Beaujolais dont le Moulin à Vent et le Morgon témoignent de sa remarquable aptitude à vieillir et à donner des nectars dignes de ses nobles voisins de Bourgogne : affaire de terroir, de vignes et de talent humain !
Histoire du Gamay noir à jus blanc
Le duc de Bourgogne, Philippe Le Hardi dés 1305 le fait arracher par décret.
Il indique que ce « tresmauvaiz et tresdeloyaul plant nommez Gaamez, duquel mauvais plant vient tresgrant habondance de vin et lequel vin de gaamez est de tel nature qu’il est moult nuysible à creature humaine (…). »
Rien que ça ! Et pourtant le Gamay a été l’un des cépages les plus cultivés du vignoble français jusqu’à la fin du XIXe siècle.Et si il est le Seigneur des vins du Beaujolais il est également le Prince des vins d’Auvergne.
Homonymie – Synonymie
Il est affublé de différents vocables : Gamet, gaamez, gamé.
C’est en 1896, qu’au congrès d’ampélographique de Châlons-sur-Saône on établit son orthographe actuelle.
D’autre part il existe plus d’une trentaine de « faux » gamays, comme le gamay blanc.
Ce nom est donné parfois au Chenin, au melon de Bourgogne, au chasselas ou au Mauzac !
Pour mémoire 4 autres gamays existent pour la production de vins rouges :
3 Gamay teinturiers servaient à enrichir en couleur les vins : Gamay de Bouze (Côte-d’Or), Gamay de Chaudenay (Saône-et-Loire) Gamay Fréaux (Côte chalonnaise).
Le Gamay Saint Romain est un cépage endémique des vignobles de Loire volcaniques. On le retrouve dans les AOP Côtes du Forez et AOP Côte Roannaise.
Origine du Gamay noir à jus blanc
Un village éponyme en Côte de Beaune, près de Puligny-Montrachet, porte ce nom.
Son origine serait avérée être la Bourgogne. Il serait né de l’hybridation du Pinot Noir et du Gouais, un vieux cépage répandu au Moyen Âge, disparu aujourd’hui.
Mais Il est impossible de certifier avec précision sa provenance. Les romains l’ont ils apporté d’Italie, est il autochtone ?
Terroirs de prédilection
Les roches et sols magmatiques (volcaniques ou plutoniques), conviennent très bien au Gamay.
Les roches métamorphiques (Granit, schistes) lui permettent de dégager de belles expressions aromatiques et minérales.
Enfin, il s’exprime avec plus d’opulence sur des sols argilo-calcaires. C’est le cas dans certains vins d’Auvergne.
Caractéristiques
Le Gamay « noir à jus blanc » pour le différencier des autres variétés de Gamay teinturiers (comme le Gamay de Bouze) notamment, est un cépage assez fertile.
Ses grappes sont de taille moyenne et assez compactes.
Ses grains légèrement ovoïdes, en mûrissant, prennent une couleur bleutée, tirant sur le noir.
Le jus du Gamay est incolore (d’où le qualificatif qui l’accompagne « à jus blanc », comme celui du Pinot Noir ou du Pinot Meunier.
Contrairement à ces deux derniers, on ne peut pas élaborer un vin blanc en pressurant ses raisins, qui teintent instantanément le jus.
Son qualificatif « à jus blanc » est donc à prendre avec des pincettes !
Styles de vins
Le gamay donne des vins rouges fruités, d’un rouge rubis éclatant, gouleyants sur des terroirs volcaniques.
Par contre, sur des terroirs argilo-calcaires il donne des vins plus épicés et tanniques .
Enfin, en assemblage avec le cabernet franc et le Côt (Malbec) dans les vins de Touraine, il apporte fruité, légèreté et souplesse.
Implantation du Gamay noir à jus blanc
Ses régions de prédilection sont les terroirs volcaniques du Beaujolais, de l’Auvergne et même en Anjou sur les dernières veines volcaniques des monts d’Arrée. Mais on le retrouve également dans les vignobles de Savoie, du sud-ouest, et de Touraine.
Egalement, il s’est bien acclimaté à la Suisse (cantons de Genève, du Valais et de Vaud).
On le retrouve même dans la péninsule ibérique, en l’Europe centrale (Bulgarie, Roumaine) et jusque dans l’hémisphère sud (Australie).
Chiffres : 37 000 ha de gamay sont plantés dans le monde, dont 34 000 ha en France et
22 500 ha rien que dans le Beaujolais.