Un homme politique au coeur de son temps
Thomas Jefferson est un personnage passionnant. Il a couvert, au cours de sa longue vie (83 ans), une époque charnière d’émancipation.
Son pays va quitter le statut de colonie anglaise, traverser la guerre d’indépendance, se transformer en Etats fédérés puis en Etats-Unis d’Amérique.
Pendant ce temps en France c’est la chute de l’ancien régime, la révolution, l’avènement de la République puis de l’Empire et enfin la Restauration avant la Monarchie de Juillet.
Pourquoi parler de ce personnage politique dans un blog de vin ?
Thomas Jefferson était un passionné d’agronomie, de bonne chère et de bon vin.
Homme d’action, il « fait l’histoire » (co-rédacteur de la Charte d’Indépendance il est un des pères fondateurs des Etats-Unis).
C’est un visionnaire, il est libéral – on dit physiocrate à l’époque. Pour lui, la seule source de création de richesse est l’agriculture.
Terre à terre, occupant de hautes fonctions politiques, voire la fonction suprême. Mais il reste toujours en prise avec la gestion de ses biens fonciers de Monticello en Virginie. Et il s’intéresse particulièrement à la culture de la vigne, car il est un grand amateur de vin.
Un connaisseur de la France et de ses vignobles
De 1784 à 1789, il est ministre plénipotentiaire des Etats-Unis en France (aujourd’hui on dit ambassadeur). Il découvre nos campagnes, nos vignobles et nos vins au cours de nombreux voyages dans toute l’Europe mais particulièrement en France. Il observe, déguste, décrit dans ses cahiers, toutes ses expériences qui sont encore aujourd’hui de formidables sources pour les historiens.
En 1855, Napoléon III demande un classement des vins de Bordeaux pour l’ exposition universelle.
Les courtiers bordelais manquent de temps. Ils utilisent alors le classement de ces vins que Thomas Jefferson a réalisé quelques 70 ans auparavant !
Des écrits précis qui font référence
Pour la Bourgogne, il écrit lors d’un de ses voyages « Le meilleur vin qu’on sert à Dijon est le Vosne. Il se paye 4 livres la bouteille. Les vins qui ont rendu la Bourgogne célèbre ne viennent que de la Côte. Ils commencent à Chambertin et passent par Vougeot, Romanée, Vosne, Nuits, Beaune, Pommard, Volnay, Meursault et Montrachet. Le volnay vaut le chambertin mais comme il se garde moins bien il se vend moins cher (12 sous la bouteille). Les meilleurs des rouges (chambertin) et des blancs (montrachet) se trouvent aux deux bouts de la Côte ».
Suit cette observation : « Il est dit que les vignobles voisins produisent un vin de la même qualité mais, appartenant à des gens obscurs, n’ont pas la même réputation ».
Ailleurs, Jefferson observe qu’à Pommard et à Volnay les vignerons mangent du pain de froment mais à Meursault, du pain de seigle. La raison est que la production du vin blanc est moins sûre que celle du rouge. Le lien entre viticulture et économie réapparaît régulièrement dans ses écrits.
Extrait de l’étude de Béatrice FINK : Thomas Jefferson, chef d’état, vigneron, œnophile.
Vous l’avez compris Thomas Jefferson est un passionnant personnage du monde du vin. Il va nous mener dans tous les vignobles européens y compris les plus inattendus !