Tout nouveau venu dans la région, Cyrille LAUMAIN présentait,  lors de la dégustation des vins de Juliénas à Paris,  deux cuvées « renversantes » en millésimes 2020 et 2018.
Après avoir dégusté les Juliénas de Cyrille LAUMAIN à Paris, nous l’avons rencontré, quelques semaines plus tard, chez lui en Beaujolais, à Solutré-Pouilly.

Le parcours atypique de Cyrille LAUMAIN

Cyrille LAUMAIN n’est pas issu du monde du vin (breton d’un côté et champenois de l’autre) et n’a aucun parent vigneron.
Mais il se passionne pour cet univers depuis toujours.
Par conséquent, Cyrille va commencer par se faire la main en travaillant plusieurs années chez Louis JADOT, une grande et prestigieuse maison de vins de Bourgogne, sur des crus de Beaujolais notamment.
En 2017, il a le courage de passer « de l’autre côté » pour devenir vigneron.

La démarche très personnelle de Cyrille LAUMAIN

Il réalise, ce que l’on appelle à Bordeaux, un cru artisan.
En effet, avec des moyens très limités, mais un matériel, une approche de la vigne et du vin très réfléchis, il réalise des prouesses.
Cyrille travaille en bio sur deux appellations, toutes deux crus du Beaujolais : Juliénas et Saint Amour.
Il veut présenter « quelque chose d’honnête, de propre ». Il travaille seul pour être sûr que les choses soient faites de la manière qu’il souhaite.
L’idée maîtresse est de retrouver le terroir dont sont issus les raisins, avec un effet millésime souhaité. En effet, chaque millésime a sa personnalité, assumée par un nom de cuvée qui change chaque année.
Les noms de ces cuvées (Ardente, Suave…) sont évocateurs du millésime ou de l’histoire personnelle. « Joli coeur » par exemple, pour son Saint Amour 2021, est un petit clin d’oeil à sa première cuvée qui s’appelait « Jolie » !

Vinification

Pour ces deux cuvées, l’éraflage est total, sans macération carbonique avec un élevage cuve puis en fût pendant 12 mois tout simplement.
Cyrille ne “soufre” qu’à la mise en bouteille (on est à moins de 30 mg par litre), presque du vin naturel qu’il ne revendique pas d’ailleurs, pas besoin d’étiquette !
Chaque année, il baptise son unique cuvée de chacun des crus, dont les vignes s’étendent sur seulement 2,5 ha, ce qui ne lui donne pas un volume suffisant pour décliner une gamme selon lui.

Dégustation

Nous dégustons d’abord le millésime 2019, cuvée baptisée « Suave ». En préambule, un jus d’encre coule dans le verre…

Le nez exhale des notes de fruits noirs, de tapenade d’olive noire, de réglisse, qui rappellent la Côte Rôtie.
En bouche on est impressionnés par la rondeur, la gourmandise, la profondeur de ce vin.
La cohérence avec les arômes du nez est totale, on déguste un bouquet de fruits noirs, de tapenade, de réglisse. On termine, par une finale qui n’en finit pas !

Le millésime 2018, baptisé cette fois « Ardente », marque une grande différence de style. Ici le soleil a fait son œuvre ! C’est un vin qui décoiffe et à l’aveugle j’aurais dit un Cornas ! 

Cette « Côte Rôtie » et ce « Cornas » sont des vins de gardes tous les deux … euh pardon :
c’est vrai qu’il faut se pincer pour le croire, on vient de déguster du Gamay noir à jus blanc là, pas de la Syrah !

Vallée du Rhône septentrionale n’est certes pas loin mais quand même … vous avez dit dérèglement climatique ? 

En guise de conclusion

Ce nouveau vigneron va faire parler de lui. On comprend pourquoi il était en bout de table lors de la dégustation des crus de Juliénas à Paris …
les autres  doivent le redouter en le mettant à l’écart…
C’est évidemment une blague, car tous ces vignerons semblent solidaires, un autre bon point de l’appellation Juliénas !
Les vins de Cyrille LAUMAIN sont si différents et atypiques de ceux de ses collègues vignerons.
On s’étonne, d’une telle diversité.
Mais ces grands vignerons du Beaujolais ont le savoir-faire, le talent et les terroirs pour en extraire la quintessence.